PORT-AU-PRINCE, mardi 3 juin 2025 (RHINEWS)–
Dans une correspondance adressée au président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), Me Jean Joseph Lebrun, la Fondasyon Je Klere (FJKL) a dénoncé l’agression brutale, le 29 mai dernier, de l’huissière Marie Erlande D. Paul par des agents de sécurité de la société Terminal Varreux S.A., et a exigé l’ouverture immédiate d’une enquête de moralité sur le commissaire du gouvernement Frantz Monclair, soupçonné d’entrave à la justice et d’interventions illégales.
Selon le rapport de la FJKL, signé par sa directrice exécutive Marie Yolène Gilles, l’huissière, officiellement affectée au greffe du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, avait été mandatée pour signifier un exploit à la société Terminal Varreux S.A., représentée par le sieur Gregory Mevs. Dès son arrivée au nouveau local de la compagnie, situé à proximité de l’hôtel Montana, elle a été « rouée de coups et bastonnée » par les agents de sécurité de l’entreprise, dirigés par un certain Mario Lespérance.
Informé de l’agression, le substitut du commissaire du gouvernement, Me Elysée Fenelon, s’est immédiatement rendu sur les lieux, a constaté la flagrance et ordonné l’arrestation de Mario Lespérance, conformément à la loi. « L’attitude du substitut Elysée Fenelon est conforme à la loi pénale », souligne la FJKL, précisant que la victime a été transportée d’urgence à l’hôpital pour y recevoir les soins nécessaires.
Mais à la surprise générale, le commissaire du gouvernement Frantz Monclair est intervenu dans le dossier, sans consulter le substitut en charge, ni interroger la victime, et a ordonné la libération du prévenu. « Le substitut n’a appris cette libération que lorsque le prévenu est revenu lui réclamer son téléphone », déplore la FJKL, parlant d’une « intervention suspecte » qui vient alimenter des rumeurs de « libération contre pots-de-vin ».
La FJKL note que « ce n’est pas la première fois que le nom du commissaire Monclair est cité dans des scandales, qu’il s’agisse de corruption ou de relations controversées avec des femmes ». En conséquence, l’organisation réclame une enquête rigoureuse sur son comportement et celui d’autres magistrats du Parquet de la capitale, une supervision renforcée par l’Inspection judiciaire, et un partenariat avec l’ULCC pour analyser l’état de leur patrimoine et sanctionner les dérives observées.
« L’apparence que la justice se vend aujourd’hui au plus offrant au Parquet de Port-au-Prince est de nature à miner la confiance du public », s’alarme la FJKL. Citant la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, elle rappelle que « justice must not only be done, it must also be seen to be done », soulignant que l’image d’une justice transparente est essentielle à la crédibilité de l’État de droit.
La correspondance est également transmise au ministre de la Justice et de la Sécurité publique ainsi qu’à l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), invitée à collaborer dans les investigations à venir.
La FJKL demande que des mesures conservatoires soient prises immédiatement, en attendant les résultats d’une enquête en bonne et due forme. Selon Marie Yolène Gilles, « quelque chose doit être fait urgemment ».