GENÈVE (Suisse), vendredi 30 mai 2025 (RHINEWS) —Gaza est désormais « l’endroit le plus affamé de la planète », a déclaré vendredi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), déplorant l’ampleur des restrictions imposées par Israël à l’acheminement de l’aide humanitaire, malgré l’annonce récente d’une levée partielle du blocus.
« C’est le seul endroit au monde où toute la population est menacée de famine », a affirmé Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA, lors d’un point de presse à Genève. Il a qualifié la mission humanitaire à Gaza de « l’une des plus entravées de l’histoire récente ».
Alors que les frappes israéliennes s’intensifient dans le nord de l’enclave, une cargaison humanitaire suffisante pour secourir 200.000 personnes reste bloquée à Amman, en Jordanie, à environ trois heures de route, a précisé l’UNRWA. L’agence onusienne a indiqué que des fournitures de base, notamment de la farine, des médicaments et des couvertures, sont prêtes à être livrées, mais ne peuvent accéder à Gaza en raison d’un blocus quasi total en place depuis le 2 mars.
Depuis la réouverture partielle du point de passage de Kerem Shalom la semaine dernière, 900 camions ont été autorisés à entrer, mais seulement 600 ont pu être déchargés côté gazaoui, la distribution étant paralysée par l’insécurité généralisée. « Ce qui est parvenu jusqu’à nous est loin de répondre aux besoins massifs de la population », a souligné Laerke.
L’OCHA appelle à l’ouverture de tous les points de passage, y compris via Israël, la Jordanie et l’Égypte, pour permettre la livraison directe de nourriture aux familles.
Sur le terrain, la situation reste chaotique. Le PAM a rapporté que son entrepôt à Deir Al-Balah a été pris d’assaut mercredi par une foule affamée. Pendant ce temps, une initiative conjointe israélo-américaine, la Fondation humanitaire de Gaza, a annoncé jeudi l’ouverture d’un troisième point de distribution à Al-Boureij, sans la participation de l’ONU.
Parallèlement à la crise alimentaire, l’armée israélienne poursuit son offensive terrestre. L’opération « Chariots de Gédéon », lancée le 18 mars, a entraîné l’émission de nouvelles consignes d’évacuation dans cinq secteurs du nord de Gaza. Depuis mars, 31 ordres de déplacement couvrant plus de 80 % du territoire ont été recensés. Près d’un tiers de la population a été déplacée, selon les dernières données de l’ONU.
En Cisjordanie, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a exprimé sa « profonde inquiétude » après des informations faisant état d’exécutions sommaires de Palestiniens par un groupe affilié au Hamas. « De telles violations du droit international humanitaire doivent cesser et les responsables doivent être tenus de rendre des comptes », a déclaré le bureau du Haut-Commissaire Volker Türk.
La situation se dégrade également en Cisjordanie, marquée par une recrudescence des violences de colons israéliens. Plus de 220 Palestiniens ont été blessés depuis janvier, un record en vingt ans. Les expulsions forcées se poursuivent : à Maghayer ad Deir, toute une communauté bédouine a été déplacée. À Salfit, 90.000 Palestiniens subissent des restrictions d’accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi.