SAINT-DOMINGUE, lundi 26 mai 2025 (RHINEWS)– Plus de 600 ressortissants haïtiens ont regagné leur pays d’origine ce samedi 24 mai dans le cadre de la quatrième caravane de retour volontaire, organisée par le réseau consulaire d’Haïti en République Dominicaine. Cette opération, coordonnée par le Ministère haïtien des Affaires étrangères et des Cultes, s’inscrit dans un contexte de tensions migratoires croissantes entre les deux pays.
Onze autobus et quatre camions ont été mobilisés pour transporter les participants, majoritairement des travailleurs précaires et des familles en situation irrégulière, depuis trois zones-clés de l’est dominicain : Friusa (Bávaro), Higüey et La Romana. La caravane s’est ensuite divisée pour emprunter les axes menant vers les points frontaliers de Pedernales, Elias Piña et Dajabón, où le personnel consulaire haïtien a assuré la réception des migrants, en coordination avec les autorités dominicaines de l’immigration.
« Nous faisons face à une situation inattendue. Face au désespoir de nos compatriotes, nous avons été contraints de prendre les mesures qui s’imposaient », a déclaré l’ambassadeur Fritz Lonchamp, responsable du programme depuis la Mission diplomatique haïtienne à Saint-Domingue.
Selon les données officielles, depuis le lancement de ce programme humanitaire, plus de 2 400 personnes ont pu bénéficier d’un accompagnement logistique pour retourner en Haïti dans la dignité. Le programme s’appuie également sur le soutien de leaders communautaires et de la Fondation Zile, qui met à disposition une ligne d’inscription pour les volontaires (+1 849 245 1804).
Le gouvernement haïtien a également annoncé l’envoi d’une délégation spéciale à Dajabón, après la diffusion de plusieurs rapports médiatiques faisant état de mauvais traitements infligés à des enfants haïtiens lors d’opérations de déportation menées par les autorités dominicaines.
Dans un communiqué publié ce vendredi, le Ministère des Affaires étrangères a renouvelé son engagement à défendre les droits de ses citoyens à l’étranger et à exiger des explications sur les conditions de détention et d’expulsion jugées inhumaines, notamment dans les provinces de Santiago, San Cristóbal et La Vega.
Une politique migratoire dominicaine de plus en plus coercitive
Cette opération de retour volontaire intervient alors que la République Dominicaine poursuit une politique de répression migratoire systématique visant spécifiquement les Haïtiens. Depuis octobre 2024, le gouvernement du président Luis Abinader a mis en œuvre un plan de déportation massive, ciblant jusqu’à 10 000 expulsions hebdomadaires.
Selon les chiffres croisés des ONG locales, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du réseau Caritas, plus de 300 000 Haïtiens ont été renvoyés en Haïti en moins de huit mois, souvent sans procédure légale, y compris des femmes enceintes, des mineurs non accompagnés et des travailleurs agricoles installés depuis plusieurs années.
L’organisation Human Rights Watch a dénoncé à plusieurs reprises les profilages raciaux, les rafles nocturnes et les refus d’accès aux services publics dont sont victimes les Haïtiens et les Dominicains d’ascendance haïtienne. En novembre 2024, les Nations Unies avaient rappelé au gouvernement dominicain son obligation de respecter les droits humains fondamentaux, qualifiant la situation de préoccupante sur le plan humanitaire.
Dans un contexte de relations bilatérales tendues, les autorités haïtiennes appellent à un dialogue respectueux et équitable, tout en affirmant leur volonté d’aider les citoyens désireux de quitter un climat hostile pour retrouver leur pays d’origine.