MIAMI, vendredi 9 mai 2025 (RHINEWS)-Alors que les conflits armés se multiplient à travers le monde, un rapport publié ce vendredi par Transparency International Defence and Security en partenariat avec Transparency International US tire la sonnette d’alarme : la corruption constitue un facteur clé, mais largement négligé, dans le détournement massif d’armes vers des groupes illégaux, exacerbant l’insécurité mondiale.
Intitulé « Under the Radar: Corruption’s Role in Fuelling Arms Diversion », ce rapport s’appuie sur plus de 400 cas documentés de détournement d’armes survenus dans 70 pays. Il met en lumière le rôle systématique de pratiques telles que la corruption, le détournement de fonds publics et les abus de pouvoir dans l’acheminement illicite d’armes à des groupes armés, des milices et des réseaux criminels. Ces fuites compromettent les objectifs mêmes des systèmes de défense : la stabilité, la sécurité et la protection des populations civiles.
L’analyse démontre que les phases les plus vulnérables au détournement sont l’usage actif et le stockage des armes. Le rapport indique que dans plus de 200 cas, des personnels militaires ou des agents de sécurité ont collaboré avec des groupes illégaux pour détourner des stocks d’armement, provoquant directement ou indirectement des centaines de morts et de blessés.
Parmi les cas emblématiques cités figure celui de la Colombie, où un réseau de militaires est accusé par le parquet d’avoir vendu entre 2019 et 2021 plus de 150 000 cartouches de munitions et 2 000 grenades à un groupe de guérilla. Un autre exemple remonte à 2011 aux Philippines, où quatre employés d’un fabricant d’armes ont été inculpés pour avoir vendu un million de cartouches à la police sans permis requis, dans une transaction de 400 000 dollars en espèces.
Selon les auteurs du rapport, les conséquences ne sont pas seulement immédiates. Le phénomène de détournement alimente des conflits de longue durée, notamment au Sahel et en Europe de l’Est, en sapant la légitimité des institutions étatiques et en renforçant la puissance de groupes armés non étatiques.
Les recommandations formulées par Transparency International appellent à une intégration systématique de l’évaluation des risques de corruption dans les politiques nationales de contrôle des armements. Elles prônent également un renforcement de la coopération internationale, notamment par le partage de données à travers le Traité sur le commerce des armes, ainsi qu’un appui à la recherche et aux réformes institutionnelles visant à consolider l’intégrité des forces de sécurité, en particulier dans les États fragiles.
« Il ne s’agit plus seulement de savoir qui possède des armes, mais comment elles y parviennent », avertissent les auteurs. Pour les signataires du rapport, les détournements d’armes nourris par la corruption constituent désormais une menace stratégique au même titre que le terrorisme ou la prolifération nucléaire.
L’heure est à l’action, concluent-ils : « Avant qu’un autre chargement ne disparaisse, qu’un autre responsable ne soit corrompu, et qu’une autre communauté n’en paie le prix. »