SAINT-DOMINGUE, 25 avril 2025 (RHINEWS)– Le président dominicain Luis Abinader a balayé les critiques formulées par Amnesty International à l’encontre des politiques migratoires de son gouvernement, exhortant l’organisation à concentrer ses efforts sur la situation des droits humains en Haïti.
Amnesty International a vivement dénoncé jeudi la politique migratoire menée par les autorités dominicaines, qualifiant les expulsions collectives en cours de « racistes » et contraires aux droits fondamentaux, malgré la crise humanitaire qui sévit en Haïti.
Dans un communiqué transmis à la presse, l’organisation a révélé que « plus de 180 000 personnes ont été expulsées vers Haïti au cours des six derniers mois » dans le cadre d’un durcissement des contrôles migratoires, sans qu’une « évaluation suffisamment individualisée des cas » n’ait été réalisée.
L’ONG s’inquiète également des nouvelles mesures annoncées par le gouvernement dominicain le 6 avril, lesquelles viseraient à « limiter encore plus l’immigration ». Selon Amnesty, les quinze mesures adoptées imposent de nouveaux obstacles à l’accès des migrants aux services publics, notamment dans le domaine de la santé.
« Certaines de ces mesures créent de nouveaux obstacles pour l’accès des personnes migrantes aux services publics, notamment de santé », a souligné l’organisation dans son communiqué.
Amnesty appelle les autorités dominicaines à « cesser immédiatement les expulsions collectives » et à « annuler les politiques discriminatoires » mises en œuvre ces derniers mois. L’organisation insiste sur le fait que ces actions violent le principe de non-refoulement, qui interdit de renvoyer des personnes vers un pays où leur vie ou leur intégrité est menacée.
Alors qu’Haïti traverse une crise aiguë marquée par une insécurité généralisée, des pénuries alimentaires et un effondrement progressif de l’appareil étatique, Amnesty avertit que les renvois forcés de migrants – souvent démunis et sans attaches immédiates dans le pays – ne font qu’accroître leur vulnérabilité.
Face à ces critiques, le gouvernement dominicain défend ses choix. Il affirme que ses décisions répondent à la nécessité de protéger la souveraineté nationale et de contrôler les flux migratoires dans un contexte de détérioration rapide de la situation en Haïti.
« J’invite Amnesty International à aller travailler en Haïti, à se pencher sur la situation des droits humains en Haïti. Ils ne doivent pas abandonner Haïti, et je demande à la communauté internationale d’en faire autant », a déclaré le chef de l’État lors d’un déplacement à Dajabón, localité frontalière du nord-ouest.
Ces déclarations font écho à l’appel lancé la veille par Amnesty, réclamant l’arrêt immédiat des expulsions massives de migrants haïtiens par les autorités dominicaines. L’organisation a également dénoncé un nouveau protocole sanitaire mis en place par le gouvernement, qu’elle juge discriminatoire et dangereux pour les personnes sans papiers.
Selon Amnesty, ce protocole oblige les migrants à présenter un document d’identité, un certificat de travail et une preuve de résidence pour pouvoir recevoir des soins dans les hôpitaux publics. Toute personne en situation irrégulière est passible d’expulsion après avoir été soignée.
« L’instauration d’un système qui expose les migrants à une expulsion après des soins médicaux constitue une violation du droit à la santé, déshumanise les migrants sans papiers et les dissuadera de se faire soigner », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
Le président Abinader a défendu sa politique de sécurité frontalière, insistant sur le fait que sa responsabilité première était « de défendre la République dominicaine ». Il a demandé aux militaires stationnés à la frontière d’être « les yeux de la nation » et d’intensifier leurs efforts quotidiens afin de garantir la sécurité du territoire.
Dans le cadre des quinze mesures adoptées face à la crise migratoire et à l’instabilité en Haïti, le président a annoncé le lancement d’un appel d’offres dans les trois mois pour la construction de 13 kilomètres supplémentaires de mur frontalier. Selon lui, cette infrastructure a déjà permis une baisse de 80 % du vol de bétail et d’autres formes de criminalité dans la région frontalière.
Abinader affirme que les habitants de Dajabón demandent eux-mêmes l’extension du mur, qu’ils perçoivent comme un élément de protection et de stabilité.