Me Samuel Madistin, salue la désignation de “Viv Ansanm” comme groupe terroriste mais alerte sur les risques d’aggravation sécuritaire…

Samuel Madistin, Avocat,

PORT-AU-PRINCE, vendredi 2 mai 2025 (RHINEWS)– Dans une déclaration transmise à la presse ce vendredi, Me Samuel Madistin, président de la Fondasyon Je Klere (FJKL), a réagi à la décision de l’administration Trump de désigner officiellement le groupe armé Viv Ansanm comme organisation terroriste étrangère. Il considère que cette mesure est juridiquement fondée, mais avertit qu’elle pourrait aggraver la situation sécuritaire du pays si elle n’est pas accompagnée de mesures structurelles de renforcement de l’État.

« La désignation de Viv Ansanm comme organisation terroriste par l’administration Trump est conforme à la réalité et au mode de fonctionnement de ce groupe », déclare Me Madistin. Selon lui, les agissements de cette organisation répondent aux critères juridiques définissant le terrorisme. Il rappelle que « les actes considérés comme terroristes sont ceux commis dans le but de gravement intimider une population, de contraindre indûment des pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque. Cette définition juridique correspond tout à fait aux agissements de Viv Ansanm. »

Le président de la FJKL brosse un portrait glaçant du groupe armé : « Viv Ansanm est une organisation qui agit sans aucune humanité et qui ne respecte pas les règles les plus élémentaires des droits humains. Ce groupe soumet, de manière indiscriminée, de larges parties de la population à des actes de criminalité grave, de tueries de masse, d’actes de torture, de viols, de vols, d’incendies criminels et de kidnapping. »

Toutefois, Me Madistin prévient que cette décision unilatérale, bien qu’importante sur le plan symbolique et juridique, « risque d’aggraver la situation sécuritaire du pays au lieu d’aider à une amélioration ». Il souligne que la résolution du problème sécuritaire en Haïti passe inévitablement par le renforcement des Forces armées d’Haïti, gravement affaiblies. « Nos forces armées souffrent d’un manque d’effectifs, de moyens appropriés et surtout de l’absence d’un service de renseignement efficace pour lutter contre les gangs. »

Le président de la FJKL appelle donc les partenaires étrangers d’Haïti à ne pas se contenter de sanctions symboliques : « Si les pays amis d’Haïti ne nous aident pas à recruter massivement, à former intensivement des soldats capables de quadriller le pays, de bloquer le trafic des stupéfiants contrôlé par les gangs, de reprendre le contrôle des ports, des routes et des postes frontaliers, alors le problème des gangs ne sera jamais résolu. »

Par ailleurs, Me Madistin alerte sur les conséquences indirectes que pourrait entraîner cette désignation pour certains secteurs vulnérables. « La désignation du groupe Viv Ansanm comme groupe terroriste, si elle n’est pas accompagnée par les décisions que j’ai indiquées, va certainement constituer un problème pour le secteur privé et les ONG humanitaires, qui sont parfois obligés, pour survivre, de se soumettre aux exigences des gangs en termes de versements de rançon. »

Enfin, il insiste sur la gravité de la crise de gouvernance actuelle, qu’il considère comme l’un des principaux moteurs de l’insécurité. « Le plus grave problème aujourd’hui est celui de la gouvernance. Placer à la tête de l’État neuf personnes dont le seul souci est de s’enrichir au détriment de l’État est, avec la démobilisation des Forces armées d’Haïti, la pire des décisions qu’Haïti a eu à apprendre sur les cinquante-six dernières années », fustige-t-il. Il conclut en soulignant : « L’impact des décisions politiques absurdes sur la population est désastreux. C’est la principale leçon que nous enseigne la crise actuelle. »

Cette prise de position du président de la FJKL s’ajoute à d’autres voix critiques qui, tout en saluant la désignation de Viv Ansanm comme groupe terroriste, appellent à une stratégie coordonnée, nationale et internationale, pour restaurer durablement la sécurité et l’autorité de l’État en Haïti.