PORT-AU-PRINCE, mercredi 3 juin 2025 (RHINEWS) —L’ONU alerte sur la vulnérabilité d’Haïti à l’approche d’une
Alors que la saison des ouragans a officiellement débuté le 1er juin dans les Caraïbes, les Nations Unies expriment une vive inquiétude face à la vulnérabilité d’Haïti, où la crise humanitaire s’aggrave de jour en jour. Selon les prévisions de l’Administration américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA), la saison cyclonique 2025 devrait être nettement supérieure à la moyenne en termes de fréquence et d’intensité des tempêtes, avec de potentielles conséquences dévastatrices pour des pays déjà en situation d’extrême fragilité, comme Haïti.
S’exprimant mardi par visioconférence depuis New York, après une mission de terrain effectuée la semaine dernière, la Directrice régionale du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Lola Castro, a alerté sur l’incapacité actuelle de l’agence à réagir efficacement en cas de catastrophe naturelle. « Les années précédentes, nous avions sur place des ressources suffisantes pour venir en aide à 250.000 à 500.000 personnes immédiatement après une catastrophe. Cette année, le PAM ne dispose ni de stocks alimentaires prépositionnés en Haïti, ni des fonds nécessaires pour une réponse rapide », a-t-elle déclaré.
Selon les données de l’ONU, plus d’un million de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays en raison de la violence des gangs, dont plus de 200.000 vivent dans des sites de fortune. Ces abris précaires, souvent établis dans des zones inondables et dépourvus de services de base, exposent les familles à un risque élevé en cas d’ouragan. Le nombre de déplacés a presque doublé entre mars et avril, en grande partie à cause des combats dans le département du Centre.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué collaborer avec les autorités nationales et les partenaires humanitaires pour anticiper les impacts de la saison cyclonique. Les efforts en cours incluent la cartographie des zones à risque, le renforcement des systèmes d’alerte précoce et la coordination sectorielle pour répondre aux besoins en abris, en eau potable, en assainissement, en soins de santé et en gestion des camps.
Malgré ces efforts, le manque de financement freine les capacités d’intervention. Sur les 908 millions de dollars prévus dans le Plan d’action humanitaire pour 2025, seulement 8 % ont été mobilisés à ce jour, soit environ 72 millions de dollars. « Cinq millions sept cent mille personnes, soit plus de la moitié de la population haïtienne, ne mangent pas à leur faim. Haïti figure parmi les cinq pays au monde où les niveaux de faim sont les plus catastrophiques », a rappelé Mme Castro.
Le Programme alimentaire mondial, qui a pourtant intensifié ses opérations, affirme ne disposer que de ressources suffisantes pour maintenir ses programmes jusqu’en juillet. Cette insuffisance met en péril la continuité d’initiatives vitales, notamment le programme national de repas scolaires. « De graves déficits de financement menacent les programmes essentiels à la survie de millions de personnes », a averti Mme Castro.
Malgré ce contexte critique, le PAM reste pleinement opérationnel sur le territoire haïtien. La responsable onusienne a souligné l’augmentation des capacités logistiques, notamment au Cap-Haïtien, où les installations d’entreposage ont été renforcées. « Nous recevons des vivres par le port et nous maintenons notre présence opérationnelle malgré les contraintes », a-t-elle précisé.
Le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS) continue par ailleurs d’assurer la livraison de l’aide et le maintien des opérations humanitaires à travers le pays.
« Notre priorité est de poursuivre la distribution d’une aide alimentaire d’urgence afin de sauver des vies, tout en travaillant sur les causes structurelles de l’insécurité alimentaire. Pour enrayer la faim, nous appelons la communauté internationale à une mobilisation urgente », a conclu Lola Castro.