Le chef du gang 400 Mawozo qui croyait être hors d’atteinte, condamné à nouveau aux États-Unis pour prise massive d’otage contre rançon…

photo: courtoisie PNH: Germine Joly alias Yonyon, chef du gang 400 Mawozo...

WASHINGTON, samedi 17 mai 2025 (RHINEWS)— Le tristement célèbre chef de gang haïtien Joly Germine, alias “Yonyon”, a été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation liés à l’enlèvement de 16 missionnaires chrétiens américains, dont cinq enfants, en octobre 2021 en Haïti, a annoncé vendredi le bureau du procureur fédéral du District de Columbia.

Agé de 32 ans et originaire de Croix-des-Bouquets, Joly Germine a été déclaré coupable par un jury fédéral au terme d’un procès de dix jours à Washington, D.C. Il faisait face à 17 chefs d’accusation : un pour conspiration en vue de commettre une prise d’otages, et 16 pour prises d’otages individuelles contre des ressortissants américains.

« Cette affaire illustre la détermination du gouvernement américain à protéger ses citoyens à travers le monde », a déclaré la procureure fédérale Jeanine Ferris Pirro. « Comme l’a démontré la preuve présentée, Joly Germine a orchestré un complot visant à utiliser des missionnaires américains comme monnaie d’échange afin de négocier sa libération d’une prison haïtienne », a-t-elle ajouté, soulignant : « Justice may not always be swift but it is certain » — « La justice n’est pas toujours rapide, mais elle est certaine. »

Le FBI, à travers son bureau de Miami, a également salué le verdict comme un exemple de la portée extraterritoriale de la justice américaine. « Le chef de gang haïtien Joly Germine a découvert qu’il n’était pas au-delà de la portée du FBI », a affirmé l’agent spécial adjoint Ryan James. « Ni le temps ni la distance ne diminueront notre détermination. »

62 jours de captivité orchestrés depuis une prison

Le gang 400 Mawozo, dirigé par Germine, est tristement connu pour ses méthodes brutales et son implication dans de multiples enlèvements à Croix-des-Bouquets, dans l’est de Port-au-Prince. Bien qu’incarcéré au moment des faits, Germine utilisait des téléphones non surveillés pour diriger les opérations, en contact étroit avec d’autres leaders du gang, souvent des membres de sa famille.

Le 16 octobre 2021, 17 missionnaires de l’organisation Christian Aid Ministries, basée dans l’Ohio, revenaient d’une visite dans un orphelinat lorsqu’ils ont été interceptés par des hommes lourdement armés du gang. Parmi les otages se trouvaient des enfants âgés de 8 mois, 3 ans et 6 ans. Seize d’entre eux étaient citoyens américains, un était Canadien.

Les victimes ont été conduites dans un bâtiment reculé, dépouillées, gardées sous la menace des armes, et une rançon de 1 million de dollars par personne a été exigée. Selon l’accusation, Joly Germine a personnellement fixé cette somme, en sachant qu’elle était irréaliste et servirait à pousser les autorités haïtiennes à négocier sa libération.

Tentatives de négociation, libérations partielles et évasion audacieuse

Une première libération a eu lieu le 20 novembre 2021, après que l’un des otages a présenté des problèmes de santé graves. Le 5 décembre, trois autres otages — dont un enfant de six ans — ont été relâchés après le versement d’une rançon de 350 000 dollars. Mais malgré l’engagement du gang de libérer les autres captifs en échange de cette somme, aucun autre otage ne sera libéré volontairement.

Le 16 décembre 2021, dans une tentative désespérée et planifiée, les 12 otages restants parviennent à s’échapper sous le couvert de la nuit. Ils marchent cinq heures à travers la brousse haïtienne avant d’être récupérés par le FBI, qui les évacue immédiatement, évitant ainsi une éventuelle contre-attaque du gang.

Avant ce verdict, Germine avait déjà été condamné, en juin 2024, à 35 ans de prison pour sa participation à un réseau de contrebande d’armes à destination d’Haïti, ainsi que pour blanchiment de fonds issus de rançons d’enlèvements antérieurs.

« Les preuves présentées ont montré que Germine a ordonné le kidnapping, sélectionné les lieux de détention, fixé les demandes de rançon, et supervisé les décisions relatives à la libération partielle ou non des otages », précise le communiqué du bureau du procureur des États-Unis.

Cette affaire a mobilisé une vaste coordination interagences, incluant le FBI, l’ATF, les services de douane et de protection des frontières, la DEA, le Département de la Défense, les Marshals, ainsi que la Gendarmerie royale du Canada. Le gouvernement haïtien, la République dominicaine, l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince et plusieurs entités du Département d’État ont également apporté un appui crucial.

Le procès a été mené par les procureurs Karen P. Seifert et Tom Saunders, avec le soutien de l’assistante Kimberly Paschall, ainsi que des coordonnateurs des victimes Yvonne Bryant, Tonya Jones et Guisela Castillo.

« Avec ce verdict, les États-Unis envoient un message clair : toute attaque contre ses ressortissants, même à des milliers de kilomètres de son territoire, fera l’objet d’une poursuite sans relâche. »

Rédaction : RHINEWS Washington

© RHINEWS / Tous droits réservés