GEORGETOWN (Guyana), mercredi 4 juin 2025 (RHINEWS) — À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement 2025, célébrée ce mercredi 4 juin, la Secrétaire générale de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Dr Carla Barnett, a lancé un message d’alerte et d’engagement sur les dangers de la pollution plastique dans la région, en particulier dans la mer des Caraïbes.
Le thème retenu cette année, « Battre la pollution plastique », résonne fortement dans un espace insulaire où les conséquences de cette pollution sont à la fois écologiques, économiques et sanitaires. « La mer des Caraïbes connaît des niveaux élevés de pollution plastique et cette situation reçoit l’attention des plus hautes instances décisionnelles de la CARICOM, à travers des politiques, du plaidoyer et la collaboration », a déclaré Dr Barnett dans un communiqué publié par le Secrétariat de l’organisation, basé à Georgetown.
Selon la Secrétaire générale, les déchets plastiques représentent une menace directe pour la biodiversité marine, notamment les tortues, les oiseaux de mer, les poissons et les récifs coralliens essentiels à la protection côtière. Le secteur de la pêche, source vitale de nourriture et de revenus pour de nombreuses populations caribéennes, est également affecté. « Les équipements endommagés par les déchets plastiques, la perte de matériel de pêche, et les coûts de nettoyage constituent un fardeau financier pour les gouvernements locaux », a-t-elle expliqué.
Dr Barnett a rappelé que la Déclaration adoptée lors de la 40e Conférence des chefs de gouvernement de la CARICOM en 2019 à Sainte-Lucie avait déjà pointé du doigt les effets dévastateurs des microplastiques sur le développement durable de la région. Depuis 2023, la question de la gestion des plastiques figure à l’ordre du jour des ministres de l’Environnement de la CARICOM, notamment dans le cadre des négociations pour un traité mondial juridiquement contraignant sur la réduction de la pollution plastique.
Plusieurs États membres ont d’ores et déjà mis en place des législations restreignant ou interdisant certains produits plastiques à usage unique. Cette dynamique est appuyée par l’initiative « Caraïbes sans plastique » (Plastic-Free Caribbean), lancée par la Caribbean Hotel and Tourism Association (CHTA) et la Caribbean Alliance for Sustainable Tourism (CAST), qui incite les établissements touristiques à éliminer progressivement le plastique jetable.
Parallèlement, le Mécanisme régional des pêches des Caraïbes (CRFM), organe de la CARICOM, collabore avec les États membres pour s’attaquer au phénomène des « engins de pêche fantômes », ces équipements en plastique abandonnés ou perdus qui continuent de piéger la faune marine et de polluer les océans.
« La menace sur notre environnement naturel est réelle, et son impact sur la santé et les moyens de subsistance de nos populations ne peut être ignoré », a souligné Dr Barnett. Elle a conclu en réaffirmant que « la CARICOM reste mobilisée et déterminée à relever ce défi environnemental majeur ».
Alors que la CARICOM met en garde contre les niveaux alarmants de pollution plastique dans la région, Haïti se trouve en première ligne de cette crise écologique. Le pays est confronté à une accumulation massive de déchets plastiques, aggravée par l’insuffisance des infrastructures de gestion des déchets solides et par la faible application des mesures législatives existantes.
En 2017, Haïti a produit près de 900 000 tonnes de déchets solides, dont une part importante est composée de plastique. Or, à peine 10 % de ces déchets ont été collectés et traités, selon des estimations disponibles. Dans la capitale, Port-au-Prince, les ordures plastiques jonchent les rues, obstruent les canaux de drainage et alimentent les inondations, causant des dégâts matériels et sanitaires importants.
La pollution plastique en Haïti affecte directement la santé publique : les microplastiques issus de la dégradation des déchets se retrouvent dans les sols, les nappes phréatiques et dans la chaîne alimentaire. L’incinération sauvage de ces déchets libère également des substances toxiques dans l’air, accentuant les risques sanitaires dans les zones densément peuplées.
Malgré l’adoption de mesures interdisant certains produits plastiques comme les sacs en polyéthylène ou les contenants en polystyrène expansé, l’absence de mécanismes de contrôle, le manque de campagnes de sensibilisation et la faiblesse des institutions freinent considérablement leur mise en œuvre.
Dans ce contexte, quelques initiatives locales et communautaires émergent, portées par des ONG ou de petites entreprises de recyclage qui transforment les plastiques en pavés, meubles ou objets utilitaires. Ces efforts demeurent toutefois marginaux, faute de soutien gouvernemental structuré et de financements durables.
Face à l’ampleur du défi, l’intégration d’Haïti dans une réponse régionale apparaît plus que jamais nécessaire. Comme l’a souligné la CARICOM, seule une approche coordonnée entre les États membres — appuyée par des politiques contraignantes, des campagnes d’éducation environnementale et des investissements dans le recyclage — permettra de freiner la marée plastique qui menace les écosystèmes et la résilience des sociétés caribéennes.