Haïti – Sécurité – Diplomatie: Bocchit Edmond plaide pour une mission interaméricaine fondée sur le TIAR et la Charte démocratique…

Edmond Bocchit, Ambassadeur d'Haiti a Washington...

WASHINGTON, jeudi 22 mai 2025 (RHINEWS)L’ancien ministre haïtien des Affaires étrangères et actuel directeur exécutif de l’Observatoire Haïtien des Relations Internationales (OHRI), Bocchit Edmond, a proposé ce lundi la création d’une Mission interaméricaine pour restaurer la sécurité et la démocratie en Haïti, en remplacement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), qu’il juge inefficace et juridiquement bancale.

Dans une déclaration transmise à la presse, M. Edmond salue le « courage » du Secrétaire d’État américain Marco Rubio, qui a reconnu devant la commission des affaires étrangères du Sénat que la mission internationale actuellement déployée en Haïti « ne fonctionne pas ». « J’ai moi-même signalé à plusieurs reprises les limites de cette initiative », affirme l’ancien chef de la diplomatie haïtienne.

Appuyant la volonté de l’administration Trump de réévaluer l’approche sécuritaire régionale, Bocchit Edmond propose une nouvelle initiative fondée sur le Traité interaméricain d’assistance réciproque (TIAR), connu sous le nom de Traité de Rio, et la Charte démocratique interaméricaine adoptée par l’OEA en 2001.

Selon lui, « cette mission régionale bénéficierait d’une légitimité politique incontestable et d’un fondement juridique clair, contrairement aux arrangements ad hoc actuels. Elle permettrait une action collective des États des Amériques face à une crise qui menace la stabilité régionale. »

Les objectifs de la mission seraient structurés autour de deux axes principaux :

La restauration de la sécurité et de l’ordre public, par le déploiement d’une force régionale de stabilisation chargée de démanteler les groupes armés, de sécuriser les infrastructures vitales et de rouvrir les corridors humanitaires.

La relance démocratique, en soutenant les autorités de transition dans l’organisation d’une réforme constitutionnelle, la tenue d’élections générales libres et inclusives, ainsi que la reconstruction institutionnelle.

« Haïti doit redevenir un État démocratique avec de solides institutions, en laissant le peuple haïtien élire ses dirigeants. Le moment d’agir est venu. Nous avons trop attendu pour protéger ces victimes innocentes qui sont devenues des réfugiés dans leur propre pays », martèle Bocchit Edmond.

Il précise que cette initiative régionale serait compatible avec le chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, qui autorise les arrangements régionaux à condition d’un appui du Conseil de sécurité de l’ONU. « Je suis convaincu qu’avec le soutien de partenaires clés, une telle mission est réalisable et nécessaire. »

Alors que le déploiement de la MMSS pilotée par le Kenya reste largement critiqué, notamment pour son manque de coordination et son absence d’ancrage dans un mandat clair de l’OEA ou des instances régionales, cette nouvelle proposition entend replacer Haïti dans un cadre de solidarité continentale, tout en respectant les normes juridiques internationales.

L’OHRI appelle les États membres de l’OEA à se saisir de cette initiative dans les plus brefs délais. « Il ne s’agit pas seulement de restaurer la sécurité physique, mais aussi de rétablir la confiance des Haïtiens dans la démocratie et la légitimité de leurs institutions », conclut M. Edmond.