Haïti maintient le cap des réformes économiques sous l’égide du FMI malgré une crise profonde

Logo du FMI et le drapeau haitien....

Port-au-Prince / Washington D.C. – 29 avril 2025 Dans un contexte de crise généralisée marquée par l’insécurité, la stagnation économique et une instabilité politique persistante, Haïti a franchi une étape cruciale dans son programme de redressement. Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé la première revue du Programme de Réformes Suivi par les Services (SMP), saluant les progrès réalisés malgré une situation nationale extrêmement précaire.

Dans son rapport publié le 28 avril 2025, le FMI constate que « la mise en œuvre du programme a été globalement satisfaisante et ses objectifs restent réalisables ». Le Fonds note que tous les objectifs quantitatifs ont été atteints et que six des sept repères structurels évalués ont été remplis, le dernier étant attendu pour juin en raison de contraintes liées à l’insécurité.

Malgré une contraction économique de 4,2 % en 2024 et une inflation atteignant 28,4 % en février 2025, le gouvernement haïtien est parvenu à stabiliser la situation monétaire. Le FMI souligne que « les réserves internationales nettes ont été reconstituées à un niveau confortable, atteignant plus d’un milliard de dollars américains en décembre 2024 », et que « le financement monétaire du déficit a été ramené à zéro ».

Le rapport insiste cependant sur la gravité de la situation sécuritaire, qualifiant la crise de « choc d’offre majeur » qui continue de freiner la croissance et d’alimenter l’inflation. La mission dirigée par le FMI avertit que « la restauration de la sécurité est la priorité » pour permettre le redémarrage économique et la mise en œuvre effective des réformes.

Un progrès particulièrement notable est la publication par le gouvernement haïtien du Rapport Diagnostique sur la Gouvernance, document fondamental dans la lutte contre la corruption. « Les autorités ont publié le rapport diagnostique sur la gouvernance et le plan d’action associé, ce qui est louable », indique le FMI, en insistant sur le fait que ce rapport devrait servir de « feuille de route pour les réformes visant à améliorer la gouvernance ».

Mais les défis demeurent immenses. Le FMI prévient que « l’incertitude concernant l’aide extérieure future représente un risque substantiel » et que la situation pourrait se détériorer si les flux de financements officiels, de dons ou de transferts de la diaspora venaient à se tarir. À cet égard, la fin annoncée du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les migrants haïtiens aux États-Unis, prévue pour le 3 août 2025, est une source d’inquiétude majeure.

En matière budgétaire, le FMI observe que « les autorités ont adopté en avril 2025 un budget supplémentaire aligné sur les objectifs du SMP », intégrant un appui budgétaire de 19,5 millions d’euros de l’Union européenne destiné en partie à soutenir la lutte contre la violence des gangs.

Concernant les dépenses sociales, le rapport mentionne que « le filet de sécurité sociale a été renforcé », notamment par des distributions alimentaires, des transferts en espèces via les opérateurs de téléphonie mobile, et des aides ciblées aux familles les plus vulnérables. Le Fonds rappelle que « le renforcement continu de la protection sociale est essentiel pour atténuer les effets des chocs sur la population et alléger la pauvreté généralisée ».

Le FMI appelle aussi à la prudence en matière d’endettement : « L’aide extérieure doit prendre la forme de dons. Les autorités doivent éviter de contracter des prêts non concessionnels, afin de respecter les engagements du SMP. »

Enfin, l’institution internationale souligne que « le succès à long terme dépendra d’un soutien financier accru de la communauté internationale », sans lequel Haïti continuera de subir « une compression massive des importations et un ralentissement prolongé du développement économique ».