PORT-AU-PRINCE, 4 juin 2025 (RHINEWS) –
L’Organisation des Nations Unies a lancé mercredi un appel pressant à la communauté internationale et aux autorités haïtiennes pour contrer la recrudescence alarmante des violences sexuelles perpétrées par les gangs, ciblant principalement les femmes et les filles dans les zones échappant au contrôle de l’État.
Selon Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU chargée de la question des violences sexuelles en temps de conflit, la situation en Haïti a atteint un « point de rupture ». Depuis le début de l’année, les cas signalés de viols et de viols collectifs se sont multipliés dans les quartiers dominés par les groupes armés, où la violence sexuelle est utilisée comme outil de domination et d’intimidation communautaire.
« Ces crimes odieux, commis en toute impunité, traduisent une stratégie délibérée de terreur et de contrôle social », a dénoncé Mme Patten dans un communiqué. Elle note également une augmentation dramatique des cas d’esclavage sexuel au cours des huit derniers mois, souvent dans un contexte d’attaques à domicile ou dans des espaces publics.
L’ONU plaide pour des « mesures concrètes et immédiates » afin de protéger les populations les plus vulnérables. À cet effet, Mme Patten appelle au déploiement rapide de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, dirigée par le Kenya, et à l’application rigoureuse des sanctions du Conseil de sécurité contre les réseaux de trafic d’armes qui alimentent les gangs.
Par ailleurs, l’escalade des violences a provoqué d’importants déplacements internes, forçant des milliers de personnes à se réfugier dans des abris précaires, avec un accès extrêmement limité aux soins médicaux et au soutien psychologique. La fermeture de nombreux établissements de santé en raison de l’insécurité a fragilisé davantage un système déjà exsangue, souligne la responsable onusienne.
Mme Patten salue toutefois l’adoption récente d’un décret créant deux unités judiciaires spécialisées, dont l’une dédiée aux crimes de masse, ainsi que la réouverture du tribunal de première instance de Port-au-Prince, qu’elle considère comme des avancées significatives vers la restauration de l’État de droit.
Elle exhorte les autorités haïtiennes à accélérer la mise en œuvre de ces mécanismes judiciaires et la communauté internationale à garantir les ressources nécessaires pour assurer une prise en charge efficace des survivantes. « Mettre fin à l’impunité est une étape cruciale pour briser le cycle de la violence et restaurer la dignité des femmes et des filles d’Haïti », conclut Mme Patten.