PORT-AU-PRINCE, mardi 29 avril 2025 (RHINEWS)— Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a vivement dénoncé ce mardi la démarche du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’il accuse d’illégitimité morale dans sa récente requête adressée au gouvernement haïtien pour engager des poursuites judiciaires contre des personnalités haïtiennes sanctionnées par la communauté internationale.
Selon M. Espérance, le CPT est « totalement discrédité » pour mener une telle initiative, en raison de la présence en son sein de membres eux-mêmes impliqués dans des scandales de corruption. Il cite nommément Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Ventillé, membres du conseil, qui sont, selon ses dires, éclaboussés par un dossier de corruption touchant la Banque Nationale de Crédit (BNC) depuis novembre 2024.
« Le CPT n’a ni moralité, ni intégrité, ni autorité pour demander des poursuites alors que trois de ses membres sont inculpés, et que six autres sont sous de sérieuses accusations », a martelé Espérance, rappelant qu’aucune résolution interne n’a été prise jusqu’ici pour suspendre ou écarter les membres visés, ni pour permettre aux autres de se désolidariser de leurs collègues mis en cause.
Pour le directeur du RNDDH, le comportement du CPT est « une parodie de lutte contre la corruption » et relève d’une stratégie de diversion. Il a souligné que plusieurs des personnes sanctionnées par le Canada et les États-Unis ont effectivement des dossiers pendants devant la justice haïtienne — notamment dans le cadre du scandale PetroCaribe ou pour des faits présumés de blanchiment d’argent. « Ce sont des dossiers que la justice peut réactiver, mais encore faut-il respecter les procédures. On ne peut pas instrumentaliser les sanctions internationales comme s’il s’agissait de verdicts judiciaires », a-t-il averti.
Espérance appelle les membres du CPT non impliqués dans les affaires en cours — notamment Laurent Saint-Cyr, Edgar Leblanc, Fourel Dijon et Leslie Voltaire — à adopter publiquement une position claire. « Ces membres doivent rompre le silence et prendre une résolution de désolidarisation. Sinon, ils deviennent complices du discrédit qui frappe le Conseil », a-t-il affirmé.
Selon lui, continuer à siéger aux côtés de personnes poursuivies ou suspectées de graves malversations revient à « salir l’image de la présidence, et insulter le peuple haïtien qui réclame justice et probité ». Il conclut en rappelant que le combat contre la corruption ne peut pas être mené par des acteurs corrompus ou protecteurs de corrompus.