Haïti : Cartographie alarmante des zones contrôlées par les gangs – Un défi sécuritaire majeur…

PORT-AU-PRINCE, dimanche 18 mai 2025, (RHINEWS)-Une cartographie détaillée des zones occupées ou partiellement contrôlées par les gangs en Haïti circule actuellement sur plusieurs plateformes de réseaux sociaux, révélant l’ampleur de l’insécurité dans le pays. Cette carte, saisissante par sa précision, utilise un code couleur pour illustrer le niveau de contrôle exercé par les gangs : les zones entièrement occupées apparaissent en rouge, tandis que celles partiellement sous influence sont représentées en jaune.

À la lecture de cette cartographie, le constat est accablant. Une grande partie des Gonaïves est marquée en rouge, s’étendant jusqu’à Mirebalais, signalant un contrôle total des gangs sur cette portion stratégique du territoire. Par ailleurs, un segment allant des Gonaïves jusqu’à Gros-Morne apparaît en jaune, tout comme une partie de Saint-Marc, témoignant d’une présence gangrenée mais partielle.

La situation est tout aussi préoccupante entre Saint-Michel de l’Attalaye et Mirebalais, où de vastes espaces sont signalés en jaune, marquant une influence partielle mais constante des gangs. Les côtes de l’Arcahaie et de Cabaret figurent en rouge, témoignant d’une mainmise complète sur ces régions.

Quant à Port-au-Prince, véritable épicentre de l’activité criminelle, le tableau est des plus alarmants. Un vaste périmètre, s’étendant de la capitale jusqu’à Léogâne, apparaît entièrement en rouge, témoignant d’un contrôle quasi absolu des gangs. Croix-des-Bouquets n’échappe pas à cette emprise, figurant elle aussi en rouge, symbole d’une occupation totale.

Les hauteurs de Kenscoff sont également marquées, bien que certaines zones aient été partiellement récupérées lors des dernières opérations.

Fait marquant de cette cartographie : près des deux tiers de la ligne frontalière avec la République dominicaine sont désormais sous contrôle des gangs, représentés en rouge. Cette avancée gangrénée pose un défi supplémentaire à la souveraineté nationale et complique davantage les échanges transfrontaliers.

Depuis son installation le 11 novembre 2024, le Premier ministre Alix Fils-Aimé et son équipe gouvernementale ont lancé une série d’offensives pour libérer les territoires sous emprise criminelle. Malgré l’intensification des opérations, les résultats demeurent timides. À ce jour, seule une partie de Mirebalais a été récupérée, ainsi que quelques zones isolées dans les hauteurs de Kenscoff.

Selon les estimations les plus récentes, près de 85 % des territoires de la capitale seraient encore sous le joug des gangs armés, illustrant la profondeur de la crise sécuritaire et l’ampleur du défi à relever pour restaurer l’autorité de l’État.

Malgré une légère accalmie des activités des gangs au cours des dernières semaines, la menace demeure omniprésente. Les groupes criminels continuent de faire pression pour étendre leur contrôle territorial, cherchant à asseoir leur emprise sur des zones stratégiques déjà fragilisées. Cette situation survient alors que les efforts des autorités haïtiennes peinent à reprendre le dessus, faute d’un soutien tangible et immédiat de la communauté internationale.

Les pays amis d’Haïti, en particulier les puissances occidentales ayant une représentation diplomatique sur le territoire, n’ont pas encore exercé la pression nécessaire ni apporté l’assistance indispensable pour soutenir les opérations de récupération des zones perdues. Face à ce silence préoccupant, la lutte contre l’expansion des gangs reste essentiellement menée par un État dont les ressources et les moyens opérationnels sont considérablement limités.

Par ailleurs, l’arrivée de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), espérée comme un levier décisif contre l’insécurité, n’a pour l’instant pas réussi à inverser la tendance. Malgré sa présence sur le terrain, les gangs continuent d’étendre leur emprise, défiant l’autorité de l’État et paralysant l’action gouvernementale. Cette impuissance illustre le besoin crucial d’un soutien international renforcé, non seulement en matière de sécurité, mais également de coopération logistique et stratégique.

La reconquête des territoires gangrenés s’annonce ardue, nécessitant non seulement un renforcement des capacités internes, mais aussi un appui international plus affirmé. Pour que l’autorité de l’État reprenne ses droits et que la population retrouve un espace de vie sécurisé, une mobilisation urgente et concertée est indispensable. L’avenir d’Haïti ne pourra se dessiner que par une solidarité nationale accrue et un engagement international résolu.