PORT-AU-PRINCE, vendredi 9 mai 2025 (RHINEWS)– Au lendemain de l’arrêt de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) annulant la décision du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) ayant déclaré le magistrat Bredy Fabien non certifié, l’avocat et docteur en droit Guerby Blaise, membre du barreau de la Croix-des-Bouquets, a publié une déclaration incisive saluant le sens de la justice de la Cour tout en critiquant sévèrement l’attitude de l’ancienne composition du CSPJ.
Dans ce texte diffusé ce mercredi, Me Blaise affirme qu’il avait « démontré tant en privé qu’en public à certains Conseillers de l’ancienne JUDICATURE que la décision de non-certification revêt un caractère administratif », et non juridictionnel, reprochant au CSPJ de ne pas avoir statué en se conformant à ses propres règlements.
« Je m’efforçais de raisonner certains Conseillers tant en privé qu’en public que toutes les décisions de non-certification risquaient d’être annulées par la Cour des Comptes en tant que justice administrative pour excès de pouvoir », a-t-il insisté.
Se gardant de tout commentaire direct sur le dossier individuel du magistrat Fabien, l’avocat souligne néanmoins qu’une série de décisions similaires pourraient faire l’objet de recours et provoquer, selon ses termes, une « importante crise juridique dans la Magistrature ». Il met en garde : « Il me paraît extrêmement difficile de se rebeller contre une décision de justice. »
Se remémorant ses efforts pour éviter ce qu’il appelle « une boîte de Pandore au bénéfice des magistrats estimés corrompus », Me Blaise précise qu’il avait formulé dès janvier 2023 une proposition « d’équilibre, permettant d’engager à la fois des poursuites pénales et disciplinaires à l’égard des juges mis en cause ». Une proposition appuyée, selon lui, par le professeur et avocat Osner Févy, qui l’avait officiellement recommandée à la ministre de la Justice d’alors, Emmelie Prophète.
Dans un ton tranchant, Me Blaise revient également sur les pratiques internes du CSPJ de l’époque : « Malheureusement, la majorité des Conseillers (pas tous) de l’ancienne JUDICATURE se comportaient comme des politiques qui ne voulaient s’entourer que des opportunistes et des flatteurs, alors qu’ils sont des juristes affirmés. »
S’il critique fermement les erreurs passées, l’avocat se montre plus optimiste à l’égard de la nouvelle composition du CSPJ : « Heureusement, la nouvelle judicature a eu la clairvoyancepour corriger l’erreur monumentale de sa prédécesseure. » Il félicite les nouveaux membres du Conseil, dont l’attitude « se fait visiblement sentir », selon lui.
Clôturant sa déclaration sur une note éthique, Me Blaise martèle : « Je ne suis pas le juriste qui ne pense qu’à son portefeuille pour faire plaisir à la hiérarchie ou à son client au détriment de la République. Mais je préfère rester au chômage en disant la vérité que de ne pas être en harmonie avec ma clause de conscience. »
L’arrêt de la CSCCA dans l’affaire Fabien, désormais soutenu publiquement par des juristes de renom, pourrait ouvrir la voie à d’autres recours similaires contre le CSPJ, dans un contexte où l’indépendance de la magistrature et les limites du pouvoir administratif sont de plus en plus au cœur des débats institutionnels haïtiens.