WASHINGTON, mercredi 30 avril 2025— L’administration Trump a notifié le Congrès de son intention de classer les gangs haïtiens Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes étrangères, selon des sources proches du dossier citées par l’Associated Press. Ce projet s’inscrit dans la lignée des récentes désignations similaires visant huit groupes criminels latino-américains, notamment MS-13 et Tren de Aragua, afin d’accroître la pression sur les réseaux criminels opérant dans la région.

La mesure, qui entraînerait des sanctions contre toute forme de soutien matériel à ces groupes, intervient dans un contexte de durcissement migratoire. Trump a récemment invoqué une loi de 1798 sur les ennemis étrangers pour justifier l’expulsion de migrants vénézuéliens. Lors d’un rassemblement dans le Michigan, il a vanté les effets de ces désignations en matière de sécurité nationale.

Le Congrès a été officiellement informé le 23 avril par notification adressée aux commissions des affaires étrangères de la Chambre et du Sénat, ont confirmé trois personnes ayant requis l’anonymat. Le Département d’État et la Maison-Blanche n’ont pas encore réagi publiquement. Cette décision s’inscrit également dans la révocation d’un programme humanitaire de l’ère Biden, qui permettait à des ressortissants haïtiens d’obtenir un statut temporaire avec un parrain financier.

La désignation de groupes comme Viv Ansanm ou Gran Grif — une première pour des organisations criminelles haïtiennes — marque un élargissement de la définition américaine du terrorisme, jusqu’ici réservée à des entités comme Al-Qaïda ou l’État islamique.

Viv Ansanm, coalition née en septembre 2023, est responsable d’attaques ayant paralysé l’aéroport de Port-au-Prince, vidé les deux plus grandes prisons du pays et entraîné la démission du Premier ministre Ariel Henry. Elle regroupe une quinzaine de gangs, dont G-9 et G-Pèp.

Parmi ses membres, Gran Grif, aussi appelé gang de Savien, opère dans l’Artibonite sous la direction de « Général Luckson ». En octobre 2024, ce groupe a massacré plus de 70 personnes à Pont-Sondé, puis tué plusieurs civils — dont un enfant de 11 ans — à Petite Rivière. Un rapport de l’ONU l’associe à l’ex-député Prophane Victor, accusé d’avoir armé des jeunes dans la région. Victor a été arrêté en janvier, après avoir été sanctionné par le Canada (juin 2023) puis les États-Unis (septembre 2024) pour son soutien à des gangs impliqués dans de graves violations des droits humains.

Selon l’ONU, plus de 5 600 personnes ont été tuées en Haïti en 2024. Les violences, concentrées à Port-au-Prince mais aussi dans des villes comme Mirebalais ou Saut d’Eau, ont déplacé plus d’un million de personnes. Dans la capitale, les gangs contrôlent aujourd’hui 85 % du territoire. La faim s’intensifie avec plus de la moitié de la population menacée d’insécurité alimentaire aiguë d’ici juin, et quelque 8 400 personnes risquant littéralement la famine.

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Cet article de Michelle L. Price et Farnoush Amiri a été publié initialement sur: https://apnews.com/article/trump-haitian-gangs-foreign-terror-organization-f427fd0b07c0ac7c396b192e0271cdc1#