Dimitri Hérard et Jeantel Joseph minimisent les sanctions canadiennes et rejettent les accusations portées contre eux…

Dimitri Herard ancien chef de lUSGPN et Jeantel Joseph ex-directeur de l'ANAP...

PORT-AU-PRINCE, jeudi 27 mars 2025, (RHINEWS) Deux figures controversées de la scène haïtienne, Dimitri Hérard, ancien chef de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN), et Jeantel Joseph, ex-directeur de l’Agence Nationale des Aires Protégées (ANAP), sont de nouveau sous les projecteurs après avoir été sanctionnés par le Canada pour leur rôle présumé dans l’instabilité du pays. Les deux hommes rejettent en bloc les accusations portées contre eux, dénonçant une ingérence étrangère et des sanctions qu’ils jugent infondées.

Le gouvernement canadien a annoncé, le 21 mars 2025, une série de sanctions contre plusieurs Dimitri Hérard, Jeff Larose, chef du gang de Cabana, affilié à l’organisation territoriale Viv Ansanm et Jeantel Joseph. Ces mesures visent à restreindre leurs avoirs et à leur interdire tout commerce avec des entités canadiennes, sous prétexte qu’ils ont contribué à la détérioration de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Haïti.

Dimitri Hérard, en particulier, est accusé d’avoir facilité des activités criminelles et d’avoir joué un rôle trouble dans l’assassinat du président Jovenel Moïse, tandis que Jeantel Joseph est soupçonné d’avoir entretenu des liens avec des groupes criminels visant à déstabiliser l’État haïtien.

Dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, un commando armé pénétrait dans la résidence privée du président Jovenel Moïse et l’abattait froidement. Très vite, Dimitri Hérard, alors responsable de la sécurité du chef de l’État, s’est retrouvé au cœur des interrogations : comment un tel assassinat avait-il pu se produire sans résistance de sa garde rapprochée ?

Le rapport d’enquête de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a mis en lumière plusieurs éléments troublants. Selon les enquêteurs, Hérard aurait effectué de nombreux voyages en Colombie et en République dominicaine dans les mois précédant l’assassinat, ce qui laisse entendre une possible coordination avec les mercenaires colombiens impliqués dans l’attaque. L’ordonnance rendue par le juge Walther Wesser Voltaire, le 25 janvier 2024, a formellement inculpé 51 personnes, dont Hérard, pour leur participation présumée au complot.

Après son arrestation en juillet 2021, Hérard a été incarcéré avant de réussir à s’évader en 2023. Depuis, il est en cavale.

Contrairement à Hérard, Jeantel Joseph n’est pas directement accusé d’implication dans l’assassinat de Jovenel Moïse. Cependant, le Canada lui reproche d’avoir joué un rôle actif dans la crise politique et sécuritaire que traverse Haïti.

Dans une déclaration récente, Joseph a minimisé les sanctions prises contre lui, affirmant qu’elles étaient dictées par des intérêts étrangers visant à s’approprier les ressources naturelles d’Haïti. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une tentative de contrôle politique de la part des puissances occidentales et a appelé à une mobilisation nationale pour défendre la souveraineté du pays.

Tant Dimitri Hérard que Jeantel Joseph ont adopté une posture de défiance face aux mesures canadiennes. Hérard, bien qu’en fuite, a fait savoir par des canaux indirects qu’il rejette toute responsabilité dans l’assassinat du président Moïse et dénonce une manipulation politique. Joseph, de son côté, a tenu un discours nationaliste, insistant sur le fait que les véritables acteurs du chaos en Haïti ne sont pas ceux qui sont sanctionnés, mais plutôt les élites politiques et économiques qui collaborent avec des puissances étrangères.

Alors que le Canada et d’autres pays poursuivent leur politique de sanctions pour isoler les figures jugées responsables de la crise, les concernés dénoncent une stratégie de déstabilisation visant à renforcer l’ingérence étrangère. Dans leurs interventions, Hérard et Joseph se présentent comme des patriotes  attachés aux valeurs et à La Défense d’Haiti.

Pendant ce temps, la situation en Haïti reste dramatique. L’insécurité, alimentée par la prolifération des gangs armés, regroupés sous le parapluie de Viv Ansanm, continue de semer la terreur parmi la population.

Les sanctions imposées par le Canada et d’autres nations seront-elles suffisantes pour freiner les acteurs accusés de nuire à Haïti ? Ou ces mesures risquent-elles d’alimenter un climat de confrontation, renforçant le discours de figures comme Hérard et Joseph, qui se présentent comme des défenseurs de la souveraineté nationale ?

L’avenir du pays reste incertain, et le peuple haïtien, pris en otage entre les luttes de pouvoir internes et les pressions internationales, continue de subir les conséquences de cette crise sans fin.