BRASILIA, vendredi 13 juin 2025 (RHINEWS) – En marge du Sommet Caraïbes-Brésil qui se tient cette semaine à Brasilia, le Président du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean, a rencontré hier jeudi le président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), Ilan Goldfajn. Au cœur des discussions : l’aggravation de la situation sécuritaire en Haïti, la paralysie de l’activité économique, et l’engagement de la BID à maintenir son appui au pays malgré l’environnement délétère.
« Le président de la BID a réaffirmé son engagement pour la ratification de la proposition soumise au Conseil de la BID. Ce sont des dons de 300 millions de dollars qui prennent en compte les projets sociaux, particulièrement de santé et d’accompagnement de jeunes filles ayant subi des agressions sexuelles », a déclaré Fritz Alphonse Jean dans une communication officielle transmise vendredi matin à RHINEWS.
Ce soutien intervient alors que l’économie haïtienne est frappée d’asphyxie par l’insécurité généralisée, les blocages de routes, la fermeture de nombreux marchés et le contrôle armé de larges portions du territoire par les groupes terroristes « Gran Grif » et « Viv Ansanm ». Depuis plus d’un an, ces organisations criminelles ont multiplié les attaques contre les infrastructures, les convois de marchandises, et les zones franches, contribuant à l’effondrement des investissements et à l’exode de milliers de familles.
Les Nations unies estiment à plus de 1,3 million le nombre de déplacés internes en Haïti en raison de la terreur imposée par ces groupes armés. Les centres urbains comme Port-au-Prince, Carrefour, et Delmas sont devenus des zones de guerre où s’enchaînent kidnappings, viols collectifs, pillages et incendies. L’accès aux soins, à l’alimentation et à l’éducation est désormais compromis pour des millions d’Haïtiens.
Dans ce contexte critique, la BID a également annoncé la mise à disposition d’un fonds pour réaliser une étude de faisabilité en vue de la création d’un réseau national de fibre optique. Cette initiative vise à renforcer les capacités technologiques et numériques du pays, à défaut de pouvoir garantir pour l’instant la sécurité physique des infrastructures.
« Le Président Goldfajn a aussi annoncé que la BID établira un bureau permanent au Cap-Haïtien, en plus de celui qui est déjà à Port-au-Prince », a précisé le président Fritz Jean. Cette décision stratégique vise à décentraliser l’assistance et à contourner les zones actuellement paralysées par la violence des gangs.
S’agissant du secteur privé, fortement touché par la désorganisation du système douanier, les pénuries chroniques de carburant et les déplacements forcés de personnel, la BID prévoit d’intensifier ses lignes de crédit par l’intermédiaire de sa branche IDB Invest. « Les crédits disponibles au niveau de IDB Invest seront accordés sur mérite des projets », a confirmé Fritz Jean.
Le soutien annoncé par la BID, bien que significatif, reste suspendu à des conditions de mise en œuvre exigeant une stabilisation minimale des circuits étatiques, dans un pays où le contrôle du territoire par l’État est estimé à moins de 30 %. La viabilité de ces engagements dépendra fortement de la capacité des autorités de transition à regagner du terrain face aux organisations terroristes et à restaurer les services publics.