MONTRÉAL, dimanche 20 avril 2025 (RHINEWS)— Le Canada connaît une recrudescence notable de migrants, principalement haïtiens, franchissant la frontière depuis les États-Unis pour solliciter l’asile. Cette vague migratoire est alimentée par la crainte d’une intensification des expulsions sous la présidence de Donald Trump.

Selon l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), au moins 1 411 migrants ont tenté de traverser la frontière dans le nord de l’État de New York au cours des deux premières semaines d’avril 2025, surpassant déjà le total de 1 356 enregistré pour l’ensemble du mois de mars. La majorité de ces migrants sont des Haïtiens cherchant à rejoindre le Québec, province francophone.

Cette hausse intervient après l’annonce par le Département de la sécurité intérieure des États-Unis de la fin du programme de libération conditionnelle CHNV, mis en place sous l’administration Biden pour accorder un statut légal temporaire à environ 530 000 migrants originaires de Cuba, d’Haïti, du Nicaragua et du Venezuela. Bien qu’une injonction préliminaire ait été émise par un juge fédéral de Boston pour bloquer cette décision, l’administration Trump persiste dans sa volonté de mettre fin au programme.

Contrairement à la politique d’accueil adoptée lors du premier mandat de Trump, le Canada affiche désormais une position plus restrictive. Le Premier ministre Mark Carney a déclaré lors d’un débat à Montréal : “Il y a des limites. Nous devons être humains, mais réalistes. Le Canada ne peut pas accueillir tout le monde.” En 2025, les autorités canadiennes ont déjà renvoyé 1 130 demandeurs d’asile vers les États-Unis, un chiffre record depuis une décennie.

En vertu de l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis, les migrants doivent généralement demander l’asile dans le premier pays sûr où ils arrivent. Cependant, de nombreux migrants contournent cette règle en franchissant la frontière de manière irrégulière, espérant ainsi que leur demande soit examinée au Canada.

Cette situation rappelle l’année 2017, où l’annonce de la fin du Statut de protection temporaire (TPS) pour environ 60 000 Haïtiens vivant aux États-Unis avait provoqué un afflux massif vers le Canada. Selon le Pew Research Center, le nombre de demandes d’asile au Canada avait atteint 50 420 en 2017, plus du double des 23 930 enregistrées en 2016. Les Haïtiens représentaient alors la plus grande proportion de ces demandeurs, avec 8 286 demandes, soit une augmentation significative par rapport aux 631 de l’année précédente. La Gendarmerie royale du Canada avait intercepté plus de 20 000 demandeurs d’asile franchissant la frontière de manière irrégulière en 2017, principalement au Québec.

La plupart de ces Haïtiens arrivés en 2017 ont depuis régularisé leur statut. Une proportion importante d’entre eux a obtenu leur carte de résidence permanente et s’apprête désormais, dans de nombreux cas, à déposer une demande de citoyenneté canadienne.