La communauté internationale exaspérée par le ‘’one man show’’ du président de facto Jovenel Moïse

Jovenel Moise, President de facto d'Haiti

Port-au-Prince, 22 février 2021- Jovenel Moïse s’est fait taper sur la main au conseil de sécurité des Nations-Unies lundi soir, lors d’une séance tenue par téléconférence.

Tout d’abord, les États-Unis ont exprimé leur exaspération face au règne d’un seul homme, Jovenel Moïse, président de facto d’Haïti qui n’a organisé aucune élection pour renouveler le personnel politique du pays, pendant son mandat.

L’ambassadeur des Etats-Unis au conseil de sécurité, Jeffrey DeLaurentis a rappelé à d’autres diplomates que les élections législatives en Haïti étaient prévues en octobre 2019. Avant et après cette date, a-t-il dit, le Conseil ‘’a appelé à plusieurs reprises les parties à s’entendre, à mettre de côté leurs différences et à trouver une issue à la crise.’’

‘’Ils ont choisi de ne pas le faire’’, a fait savoir M. DeLaurentis. ‘’Cependant, la responsabilité ultime de créer un climat propice à des élections libres et équitables, puis à la tenue de ces élections, doit incomber au gouvernement, arguant que les États-Unis sont préoccupés par le fait la gouvernance par décret de Jovenel Moïse se poursuit.

Face à l’inquiétude de la communauté internationale et qui affiche sa fatigue par rapport à l’aggravation de la crise haïtienne, Jovenel Moïse a tenté de se défendre reprenant son refrain préféré, accusant une nouvelle fois les ‘’oligarques puissants’’ et une « opposition radicale » responsables selon lui, du malheur du pays.

Jovenel Moïse n’est pas parvenu à convaincre les diplomates qui ont qualifié la détérioration de la situation en Haïti sous son administration ‘’d’inquiétante’’ et de ‘’choquante.’’

‘’L’imprévisibilité se profile à l’horizon’’, ont déclaré l’ambassadrice de Saint Vincent et des Grenadines, Rhonda King qui ont noté que M. Moïse dirige par décret depuis plus d’un an, ont-ils fait remarquer.’’

Prenant la parole à son tour, Jovenel Moïse qui a accusé l’opposition de créer des gangs armés, a déclaré que les trafiquants de drogue en tenue de police, des voyous connus sous le nom de ‘’Fantom 509’’ qui ont organisé des manifestations éclaires à travers la capitale et attaqué des biens publics.

Cependant, Jovenel Moïse a nié les violences et les brutalités policières dont des journalistes ont été victimes ces dernières semaines à Port-au-Prince et qui suscitent des préoccupations.

Jovenel Moïse a déclaré au conseil de sécurité que des gens « déguisés en journalistes » ont attaqué les forces de police.

Jovenel Moïse a également défendu l’utilisation de ses décrets et la révocation de trois juges de la Cour suprême, qui a été dénoncé comme une violation de la constitution haïtienne par un certain nombre de diplomates étrangers et des organismes de promotion et de défense des droits humains.

Selon Jovenel Moïse, ‘’les tentatives violentes à plusieurs reprises de renverser le gouvernement constitutionnel par des gens corrompus ont laissé une situation très difficile qui a déclaré cette politique de chaos a fait que le gouvernement a dû sortir les gants.’’

 

Le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU António Guterres sur Haïti, publié avant la réunion du Conseil de sécurité, dresse un tableau inquiétant de la crise actuelle en Haïti. Les défenseurs des droits humains, les journalistes, les juges, les avocats et d’autres personnes continuent d’être la cible de menaces et d’actes d’intimidation, avec au moins 13 cas documentés entre septembre et janvier, selon le rapport.

Au cours des 12 derniers mois, les enlèvements ont augmenté de 200 % par rapport à l’année précédente, selon le rapport. Les homicides ont également augmenté de 20% en 2020, les trois quarts des cas recensés dans le département de l’ouest du pays, qui englobe la région métropolitaine de Port-au-Prince.

La situation des droits humains en Haïti a continué d’être affectée négativement par l’activité des gangs et l’incapacité persistante des autorités de l’État à protéger adéquatement les droits des citoyens à la vie et à la sécurité,’’ selon le rapport.