Nouvelle journée de violence et de répression policière à Port-au-Prince contre des protestataires anti-gouvernementaux

Policiers haitiens/ image d'illustration

Jacques Kolo,

Port-au-Prince, 22 février 2021 –(RHInews)- Un étudiant de l’Université de Port-au-Prince (UP) a été blessé par balle en milieu de journée ce lundi 22 février, dans le cadre d’une journée de protestation d’étudiants pour réclamer l’élargissement du professeur Abdias Edumé.

Celui-ci, professeur à l’UP, a été enlevé depuis le 7 février dernier par des bandits armés qui réclament la bagatelle somme d’un million de dollars américains, en échange de sa libération.

L’étudiant victime, Stanley Patrick, a été atteint d’un projectile tiré par un agent de l’unité de sécurité générale du palais national (USGPN) dans les environs des locaux de l’Université de Port-au-Prince, selon des témoins.

Tout le périmètre abritant le bâtiment de l’UP à la ruelle Rivière (Port-au-Prince) a été encerclé par des agents de l’UDMO et de l’USGPN pour tenter de mater le mouvement des protestataires.

Les policiers ont lancé au moins une douzaine de bonbonnes lacrymogènes à l’intérieur du local abritant l’Université, a constaté des journalistes.

Des étudiants ont eu des difficultés, suite à l’effet provoqué du gaz qui irrite les voies respiratoires et déclenche de violentes quintes de toux pouvant aller jusqu’à des vomissements.

D’autres institutions dans le voisinage de l’Université de Port-au-Prince ont été également touchées par des grenades lacrymogènes lancées à profusion par des policiers qui affichaient un comportement très agressif.

Des employés du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) ont eu ce lundi tout le mal à évacuer le bâtiment dans lequel ils se trouvaient, à cause de la fumée de gaz lacrymogènes contenant des produits chimiques très irritants pour les yeux, le nez, les poumons et la peau.

Par ailleurs, un sit-in organisé ce même lundi 22 février dans les environs de l’Ambassade américaine à Tabarre (Nord) a été dispersé avec violence par des policiers nationaux.

Deux citoyens haïtiens ont été arrêtés par la police lors cette activité organisée pour dénoncer le support de l’ambassade américaine à Jovenel Moïse, dans l’établissement en Haïti d’une nouvelle dictature dans le pays.

Il s’agit de Jean Samieux St-Fleur et l’avocat Iswick Théophin.

Des journalistes n’ont pas eu la part belle, lors de l’intervention des policiers qui ont confisqué le matériel de travail de plusieurs d’entre eux, a constaté un reporter du RHInews.

D’un autre côté, des civils armés ont tiré des rafales d’armes automatiques en direction de motards qui manifestaient ce lundi 22 février contre l’assassinat d’un des leurs, Ronald Dufresne lors de la manifestation du 14 février dernier dans les hauteurs de Delmas 95 (Est).

A l’appel du syndicat des motocyclistes, des motards entendaient publiquement réclamer ce lundi 22 février 2021, l’arrestation des bandits armés se réclamant du PHTK (le parti au pouvoir) qui ont blessé mortellement Ronald Dufresne, avant de mettre le feu sur son cadavre et la moto qu’il conduisait.

Aucune enquête n’a été annoncée pour faire le jour sur ce crime crapuleux qui a été commis à Delmas 95.

Les membres du syndicat souhaitaient également déposer une gerbe de fleurs, ce lundi matin, à l’endroit précis où leur collègue a été victime.

Devant des tirs nourris des “bandits armés du PHTK” à Delmas 95, les motards ont dû faire marche arrière pour éviter le pire.